La Maladie d’Alzheimer – groupe de réflexion à destination des résidents

Des myosotis - fleurs emblématiques de la maladie d’Alzheimer

Stone Engels, psychologue à l’EHPAD Maison Notre Dame au Pecq et l’une des plus grandes adeptes de la ‘Made-laine thérapie’ * accompagne les résidents de son établissement de nombreuses façons. Avec la Journée Mondiale Alzheimer qui a eu lieu le 21 septembre, plusieurs événements ont été organisés au sein de l’EHPAD. Stone a souhaité mener notamment un groupe de réflexion avec les résidents qui avaient envie de participer afin d’échanger sur cette maladie et d’autres maladies apparentées.


En dessous vous trouverez la note qu’elle a rédigée pour préparer ce groupe de réflexion avec une petite introduction.


Stone a gentiment accepté de partager ces écrits. Vous savez surement déjà beaucoup de choses sur la maladie d’Alzheimer. Toutefois, pour celles d’entre vous qui avez offert des ouvrages à l’EHPAD Maison Notre Dame, ce texte, écrit avec beaucoup de sensibilité, vous aidera, je pense, à comprendre l’approche de Stone, et vous apportera certainement beaucoup.

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“Douze personnes ont participé à cette réflexion, et la majorité d’entre eux se sont montrés très intéressées par l’avancé des recherches et l’espoir de trouver un jour un traitement curatif.

Beaucoup connaissaient les symptômes principaux et ont été intéressés de comprendre le fonctionnement préservé des compétences émotionnelles ainsi que leur rôle d’accompagnants possible.

 

J’ai choisi d’appréhender ce thème d’une manière positive en mettant en avant les compétences préservées.”

 

note

La maladie d’Alzheimer semble cristalliser toutes les peurs liées au vieillissement et à la démence

On pourrait choisir de voir les choses d’une manière grave et donc triste puisqu’il s’agit d’un sujet sérieux mais nous pouvons aussi choisir de voir les choses avec optimisme et positivisme.

Vivre avec la maladie d’Alzheimer :  Dans cette phrase il y a la désignation de la maladie mais il y a aussi et surtout le verbe VIVRE.

Vivre c’est ressentir des émotions, nouer des relations, c’est (re)chercher le bonheur, la satisfaction, l’épanouissement personnel, c’est manger, respirer.

Rien de tout ce que nous venons de citer n’est directement touché, altéré par la maladie d’Alzheimer.

Cette maladie va altérer la mémoire, la mémoire récente. Laissant à la personne la possibilité d’avoir accès, au moins pendant un temps, à ses souvenirs anciens. Des souvenirs qu’elle peut partager avec son entourage. La maladie va altérer l’orientation dans l’espace, l’orientation dans le temps, amenant le plus souvent la nécessité d’être guidé. Être guidé c’est être accompagné, accompagner c’est faire un bout de chemin avec l’autre. Quand on sait que le vieillissement, d’une manière générale, entraine le plus souvent la peur de la solitude, il s’agit là de trouver le compagnon de route qui nous tient la main.

Parfois la personne malade peut se croire dans un autre espace, à une autre époque. Le plus souvent il s’agit d’un retour symbolique vers une époque qui a beaucoup compté, qui a apporté des émotions. Ne s’agit-il pas d’un voyage intéressant ?

Parfois quand nous en sommes les témoins, nous cherchons coute que coute à faire revenir ces personnes dans la réalité qui est la nôtre mais pourquoi ? Est-ce aussi grave que cela ? N’est-ce pas le moment de se laisser aller à imaginer ce monde dans lequel la personne malade nous fait voyager.

Nous sommes témoins chaque jour de personnes qui nous confondent avec l’un de leur proche et qui s’adresse à nous en étant convaincu que nous sommes ce proche. Inutile de lui dire le contraire il ne comprendrait pas. La personne malade ne reconnait pas toujours les traits du visage parce que les traits du visage sont stockés dans notre mémoire. Et quand la mémoire nous fait défaut, on n’est plus très sûr, on se mélange.

On entend souvent dire « cette personne n’a plus sa tête » pourtant nous la voyons, nous, cette tête bien accrochée sur ses épaules, elle est toujours là. Elle ne fonctionne plus tout à fait comme la notre peut-être, elle oublie surement les mots et ne parviennent plus à parler distinctement qu’avant, elle oublie peut-être certains gestes et surtout lorsqu’elle ne s’entraine plus à les faire. Elle oublie peut-être la date, le jour Mais elle n’oublie pas de ressentir. Elle perçoit les émotions, elle partage les siennes. Elle perçoit la tendresse et peut être tendre à son tour. Elle reste une personne sociable qui a besoin de l’autre pour évoluer. Elle a besoin de la communication et a besoin de communiquer.

Parce qu’un être humain est avant tout un communiquant, il communique autant par les mots qu’à travers le corps.

*expression inventée par Stone Engels