Rencontre Fortuite à Brest

On dit souvent des bibliothèques, qu’elles jouent un rôle important dans la communauté, au delà du simple prêt de livres. Ce sont des lieux où naissent des projets culturels ou artistiques, rapprochant les gens. Au mois de décembre de l’année dernière, ce fut justement la médiathèque de Brest qui a réuni Gaëlle, animatrice de l’Ehpad Manon, et Marie-Christine, ambassadrice de notre association Les Made-laines, participante du café tricot de ce lieu. Intéressée par l’idée de réaliser des made-laines (manchons sensoriels) avec ses co-tricoteuses, Marie-Christine, ancienne Cadre de santé, a adhéré à l’association comme Membre d’Honneur, afin de développer un projet dans sa ville.


Lorsque Gaëlle a visité la médiathèque ce jour-là pour rendre des livres empruntés par les résidents de l’Ehpad, elle ne se doutait pas de la rencontre qu’elle allait faire. Passionnée par son métier d’animatrice, elle s’intéresse énormément à l’aspect bien-être des activités qu’elle peut proposer aux résidents. Récemment formée dans une approche multi-sensorielle, Gaëlle est convaincue des vertus de pratiques sollicitant le toucher. Ce n’est donc pas étonnant qu’elle fut immédiatement séduite en voyant ces merveilles de manchons sensoriels confectionnés par Marie-Christine et ses amies du « café tricot » de la médiathèque de « Lambé »!


Une réunion fut organisée à la résidence pour que Marie-Christine puisse présenter quelques made-laines à l’équipe. Une aide-soignante de chaque étage était présente pour découvrir ce nouvel outil thérapeutique, et un premier lot de manchons sensoriels fut laissé à l’Ehpad, partagé entre l’Unité Protégée et l’autre partie de la résidence.


On a eu l’idée ensuite de petits personnages en tricot que les aides-soignants de l’Unité Protégée peuvent garder dans la poche de leur blouse, et sortir en cas de moment d’anxiété des résidents. Un petit chat, par exemple, qui apparaît: cela interpelle, sert de ‘diversion’ pour aider à sortir une personne d’un état d’agitation. C’est avec grand plaisir que Marie-Christine crée ces personnages, dont le premier fut le Père Noël. Ils suscitent beaucoup d’intérêt parmi les résidents (et le personnel, on me dit!). Très créative aussi, elle a su transformer des carrés en tricot faits par les tricoteuses de l’Ehpad en livres sensoriels, en les agrémentant d’accessoires variés à manipuler.


À travers ce partenariat heureux entre Marie-Christine et Gaëlle, des outils sont faits sur mesure. Marie-Christine sait très bien s’adapter et répondre aux besoins des résidents et aux demandes des soignants. Elle a par exemple réalisé un manchon tout simple, tout chaud, sans décoration pour un monsieur souffrant d’arthrose qui aime dormir avec. Dans un autre cas, il fallait un manchon plus long que standard pour une dame qui n’arrivait pas à rentrer ses deux mains complètement à l’intérieur à cause de son arthrose.

Parfois, on met les résidentes à contribution, mais encore une fois, on s’adapte pour suivre leurs envies. C’est le cas d’une dame, ancienne couturière, qui ne tricote pas du tout. Elle aime tellement coudre que Gaëlle compte lui demander d’assembler les manchons une fois tricotés. Et inversement, Marie-Christine a pu faire participer une voisine âgée et isolée qui, elle ne veut que tricoter et passer son tour sur la partie assemblage! C’est vraiment l’esprit inclusif du projet des Made-laines qui vise à faire participer le plus de personnes possibles et ainsi les valoriser.


Marie-Christine vient régulièrement à l’Ehpad Manon pour encadrer des activités tricot et chercher ses nouvelles commandes. Cela lui permet de voir de ses propres yeux ses ouvrages en situation et c’est une belle récompense.


Gaëlle, quant à elle, est si heureuse de pouvoir dorénavant ajouter les made-laines à son “équipement” sensoriel. Cela complémente bien les outils thérapeutiques dont elle dispose (lumières, musique, etc) pour offrir des moments de détente et bien-être aux résidents.


Lorsque j’ai eu le plaisir d’échanger avec elle au téléphone il n y a pas très longtemps, elle m’a donné  l’impression que sa rencontre avec Marie-Christine ce jour-là était écrit dans le ciel. On peut dire que les belles histoires se lisent et se créent à la médiathèque de Brest!

Cara GarciaComment