Séance de psychomotricité : un moment raconté

Récemment, mon amie psychomotricienne qui travaille en EHPAD a voulu partager avec moi ce qui s’était passé lors d’une séance avec deux patientes au sein de l’espace multi-sensoriel ce même jour. Elle a gentiment pris le temps de me laisser un message audio pour décrire cette séance particulièrement riche et émouvante. Avec son accord, j’ai décidé de transcrire certaines parties de son message pour vous, afin que vous voyiez comment l’utilisation des ouvrages de nos bénévoles peut donner lieu à des événements intéressants…


“Je vais t’expliquer car il y a vraiment du sens dans ce qu’elles font les patientes….(enfin, ce que je dis, ce sont des hypothèses naturellement, car seul le patient sait ce qui est bon pour lui)

La dame qui a pris le nounours, c’est une dame très anxieuse. Elle a tout de suite été dans un mouvement où elle a bercé, donc un mouvement tout de suite maternant où elle a bercé le nounours. Et après, quand elle était assise, elle était dans des légers balancements donc de l’auto-rassurance. Elle s’est balancée elle-même, donc comme elle a fait au nounours en choisissant ce manchon. Ce n’est qu’un hypothèse, mais on pourrait s’imaginer : elle se l’est fait à elle-même en se balançant, en caressant le manchon.


Et la deuxième dame qui passe le manchon sur sa jambe. On voit qu’elle a un bandage. Cette dame est très très sensible à tout ce qui est sensoriel, c’est impressionnant. Elle ne suivait pas les “consignes” [la séance au départ était consacrée à la gym douce], mais je l’ai laissée faire. Elle a fermé les yeux, et il faut savoir qu’elle a beaucoup de douleur au niveau du genou, notamment à droite. Et donc, elle est venue elle-même se faire du bien. Elle est restée assez longtemps à faire des aller-retours sur sa jambe avec le manchon sur une zone de son corps qui aujourd’hui était très douleureuse


Ça a été une séance avec beaucoup d’émotion. Elles ont bien évidement choisi leurs manchons elles-même. La dame qui a bercé le petit nounours, elle est revenue me voir en me disant que ça lui avait fait énormément de bien, et pour reprendre ses propos, elle s’est sentie “nettoyée”, “fatiguée, mais de relâchement”, et une “lourdeur, mais une lourdeur à cause d’un travail qu’on venait de faire”. C’est une dame qui souffre de la maladie d’Alzheimer, et qui est en Unité Protégée, qui a su me verbaliser ça, et qui est revenue me voir après la séance pour me dire qu’elle voulait recommencer.



Quand je les vois faire ça, ça me conforte dans mon métier, dans ma place, et dans le bénéfice des manchons.”



Cara Garcia