Un Lundi, une Tricoteuse

Le portrait que vous allez lire est tellement touchant que je ne m’attarderai pas à vous le présenter. Je laisse donc la place à une grande dame qui nous fait l’honneur de partager son histoire avec nous. Un grand merci à elle.

“Je m’appelle Claire et j’habite à Guissèny  une commune littorale du Nord–Finistère qui est située sur la côte des légendes, le pays « Pagan ».  La mer, petites ou grandes  marées, je ne manquais jamais ce rendez-vous avec la mer, « cela me changeait les idées » cette mer. C’est mon papa qui me l’a fait l’ apprécier, on pratiquait ensemble la pêche côtière  ensuite avec mon mari  qui est décédé en 1975. Je me suis  adonnée aàcette passion jusqu’à mes 93 ans surtout pour transmettre mes coins de pêche à mes filles.   Le 23 février 2021 j’ai fêté mes 100 ans.

J’ai commencé le tricot quand j’avais 6 ans, et je suis devenue une experte: points irlandais dentelle, des points ardus que j’aimais à partager. J’ai tricoté pour habiller toute la famille ; j’ai  3 filles, 7 petits  enfants, 14 arrières  petits enfants, et la dernière mon arrière-arrière petite fille Eléonore, mon rayon de soleil. Pour les futurs bébés la famille trouvera une boite avec de la layette et des couvertures tricotés au fil de ces dernières années. Je ne les connaîtrai pas, mais ils porteront la layette tricotée par Mémé Claire. 

J’ai  toujours été très active et tournée vers les autres,  mais depuis  novembre 2016 je suis devenue dépendante, mais ma force de caractère me permet de vivre seule dans ma  maison grâce à un réseau composé d’aide à domicile,  des infirmières et de ma famille. Tous les après-midi ma fille Jeanine vient  passer l’après midi avec moi, on papote on prend le goûter et surtout on tricote.  Enfin elle tricote et je la regarde et je commente, car depuis novembre 2020 mes mains me lâchent et les aiguilles tombent souvent. Et surtout elles sont froides d’inactivité. En cherchant un modèle de manchon pour les réchauffer Jeanine est tombée sur le site des Made-laines et du manchon magique: un bonheur. Mon manchon me procure une douceur et une chaleur que je partage parfois avec Romy [NDLR le chat], le contact avec la laine me rappelle le temps ou je tricotais et les points que je tricotais, avec  le reste de laine du pull à qui déjà….  J’en ai tellement tricoté et toujours avec plaisir.”




Grâce à Claire et Jeanine, les infirmières ont découvert un outil thérapeutique qu’elles vont pouvoir proposer à d’autres patients à domicile. Elles en ont déjà commandé deux à Jeanine - nous nous imaginons que cela n’est peut-être qu’un début…





Cara Garcia