La Psychomotricité et les Manchons Sensoriels

« Dès mon arrivée à l’EHPAD, mon œil a été attiré par les jolies couleurs de ces manchons en laine disséminés au sein des lieux de vie des résidents.  Mais qui pouvait donc faire un tel travail ?

Chaque manchon est une œuvre d’art à part entière avec ses rubans, ses perles ou ses boutons !

Il me fallait donc découvrir les tricoteuses de talent et en apprendre davantage sur l’utilisation des manchons auprès de patients atteints de maladies neurodégénératives.

C’est dans ce cadre que j’ai fait la rencontre de Patricia (ASG et tricoteuse) et de Cara (présidente de l’association). J’ai tout de suite été séduite par le projet et c’est aujourd’hui en tant qu’ambassadrice de l’association que je vous partage mon expérience professionnelle ».

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La psychomotricité est une discipline paramédicale qui vise à améliorer le vécu de la personne en lui offrant un meilleur confort de vie et en l’aidant à s’adapter à son environnement. Elle prend donc en compte les sphères : corporelle, psychique et affective. 

En gériatrie, le/la psychomotricien(ne) peut intervenir à plusieurs niveaux dans la prise en soins du patient :

  • Préserver l’autonomie de la personne âgée pour faire reculer l’échéance des pertes motrices et/ou cognitives.

  • Apprendre « à vivre son corps autrement », lors d’altérations du schéma corporel (perception de son corps), de désorientation spatio-temporelle, de troubles de l’équilibre ou de syndrome post-chute, de troubles tonico-émotionnels.

  • Privilégier un ressenti corporel agréable par le biais de médiations comme des techniques de respiration, de relaxation, de mobilisations activo-passives ou de toucher thérapeutique.


Dans le cadre des maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, Corps de Lewy…), les troubles psycho-comportementaux ne sont pas rares. Ils peuvent prendre différentes formes comme : la déambulation, l’agressivité, l’agitation, l’anxiété, l’apathie, la somnolence…

A un stade avancé de la maladie, les personnes âgées sont donc davantage réceptives à un monde perceptif et sensoriel. 

Le système sensoriel comprend les organes des sens qui contiennent des récepteurs sensoriels. 

Les flux sensoriels, c’est-à-dire les stimuli qui arrivent au cerveau par le biais des cinq sens,  entrainent une modification du tonus (hypertonie ou hypotonie) selon le caractère agréable ou désagréable de ces flux. De plus, ils s’accompagnent d’un sentiment de bien-être ou mal-être ainsi que d’émotions positives ou négatives.

Parallèlement à la prise de médicaments, des dispositifs de thérapies non-médicamenteuses peuvent être proposés, avec comme objectifs principaux: le bien-être, le plaisir et la diminution des troubles du comportement. Parmi ces médiations nous pouvons citer l’art-thérapie, la musique, l’expression corporelle ou encore les approches sensorielles. 

Sauf pathologie spécifique, le toucher est le premier sens à se développer et le dernier à s’éteindre. De manière générale, la laine est souvent évocatrice de souvenirs agréables pour les personnes âgées. Cela leur permet donc de se recentrer sur des sensations corporelles plaisantes.


Le twiddle-muffrebaptisé “Made-laine” en France est un manchon tricoté ou crocheté en laine dans lequel sont incorporés des textures et des accessoires variés tels que des boutons ou des rubans que l’on peut toucher et manipuler. 

Il s’adresse à toutes les personnes atteintes de pathologies neurodégénératives à un stade avancé. Le manchon est une source d’éveil et permet une stimulation sensorielle, plus particulièrement visuelle et tactile. Il sert aussi à garder les mains au chaud. En occupant les mains, il produit un effet d’apaisement pour des personnes qui peuvent être angoissées et agitées. Le manchon peut être proposé comme moyen d’action par tout intervenant : psychomotricien, psychologue, animateur, soignant, aidant familial. 


Article par Cécile, psychomotricienne en EHPAD et au sein d’une ESA équipe spécialisée Alzheimer.







Cara Garcia